“ De la nuit du 26 au 27 février 1943 se réveillaient plein de femmes de Ravensbrück. Il faisait un froid glacial,.. du gel venant du nord tombait sur les toits. Les rafales de neige, la glace, les chemins, les rues, les places emportés par le vent... Ils arrivent ! Nous ne les voyons pas encore, nous entendons que leurs pas, rythmés, réguliers - gauche, gauche, gauche et gauche. Sûr d’eux, calme, avec confiance, ils marchent vers la zone d'appel. Non, ils ne marchent pas, ils manifestent! Désobéissant aux ordres des SS, ils n'ont réagi pendant la manifestation qu'aux ordres brefs et à peine audibles de leur brigadier. Si calme, d’un même pas, qu'ils étaient arrivés dans la rue du camp, aussi calmement, aussi démonstrativement disciplinés, ils se balancent en troupes de la place aux postes d'accueil. Et n'étaient enveloppés que dans des couvertures. (Source: Christa Wagner, „Geboren am See der Tränen“, Berlin, 1987, S. 2009/2010) Ce récit documentaire reprend un événement dont beaucoup d'anciennes femmes de Ravensbrück se souviennent particulièrement bien. Les quelque 500 femmes de l'Armée rouge qui sont arrivées à Ravensbrück en février 1943 étaient pour la plupart des femmes du service médical de la flotte de la mer Noire et de l'armée côtière, qui avaient été faites prisonnières de guerre après la prise de Sébastopol par les troupes allemandes et roumaines au début de juillet 1942. C’est par le grand hôpital militaire pour prisonniers de guerre de Slawuta, dans l'ouest de l'Ukraine, qu'elles sont arrivées pour la première fois au camp de collecte de Rowno. Dans un transport fermé, la Wehrmacht les a transférés à l'Office du travail du Land de Westphalie. Mais un groupe de 500 femmes mené par Jewgenia Lasarewna Klemm refusa la mobilisation pour le travail dans l’industrie de l’armement. Suite à cela la SS livra ses femmes au camp de concentration de Ravensbrück le 27 février 1943 Un grand nombre d’anciennes prisonnières du camp de concentration de Ravensbrück gardent en mémoire l’arrivée des détenues de guerre. Les femmes de l'Armée rouge, qui se sont également distinguées dans le camp par leur forte cohésion et leur discipline, ont souvent été présentées comme des héroïnes par les survivantes de différentes nationalités et opinions politiques. Environ un million de femmes ont servi depuis l’attaque des Allemands sur l’union soviétique du 22 juin 1941 à mai 1945, au sein de l’armée rouge. Environ 60% d’entre elles étaient dans les services de santé. Les femmes ayant une formation médicale, vétérinaire et technique spéciale pouvaient être recrutées selon la loi militaire de l'URSS. Beaucoup se sont portés volontaires. La Wehrmacht a refusé aux prisonniers de guerre soviétiques le droit à la vie. Soixante pour cent des prisonniers de guerre soviétiques n'ont pas survécu à l'emprisonnement. Selon le droit international de la guerre, les soldats de l'Armée rouge étaient des combattants et méritaient la protection de leur vie. Toutefois, contrairement au droit international, le statut de combattant leur a été refusé. Les prisonniers de guerre de l'Armée rouge qui ne voulaient pas faire du travail forcé en tant que "travailleurs de l'Est" étaient envoyés dans un camp de concentration. Les premières d'un total d'environ 800 femmes prisonnières de guerre de l'Armée rouge sont arrivées à Ravensbrück à la fin de l'été 1942. Les anciennes membres du comité international de Ravensbrück (CIR), Antonina Aleksandrowna Nikiforowa, médecin et Nina Pawlowna Baranowa, infirmière, arrivaient fin avril 1944 à Ravensbrück. Ils étaient prisonniers de guerre dans différents endroits. Elles aussi ont refusé de faire du travail forcé en Allemagne et ont ensuite été envoyés dans le camp de concentration de Majdanek. Au cours de l’évacuation du camp, ils ont été transférés au camp de concentration de Ravensbrück. Le nombre exact de femmes soldat de l’armée rouge qui ont été envoyé dans des camps de concentration allemand est inconnu. Mais en 1944, dans le seul camp de Mauthausen, on comptait 621 soldats. Lors de l’évacuation du camp de Majdanek, avec l’approche de l’armée rouge, 53 femmes ont été transférées dans le camp de Ravensbrück. Après la libération, les camps de concentration étaient remplis de gens affamés, malades et mourants. Leurs soins étaient très souvent pris en charge par des médecins militaires de l'Armée rouge qui avaient déjà été utilisés comme prisonniers de guerre dans le camp respectif. Ce fut également le cas à Ravensbrück, où un hôpital militaire fut construit à la mi-mai 1945. (Source: „Kriegsgefangene Rotarmistinnen im KZ. Sowjetische Militärmedizinerinnen in Ravensbrück“; Hrsg.: Deutsch-Russisches Museum Berlin-Karlshorst, 2016)
Antonina Alexandrowna Nikiforowa
A. A. Nikiforowa Ravensbrück Archiv
16.06.1907 – 08.08.2001 St.Petersburg Médecin, Soldate de l’armée rouge dans le service de santé Maidanek: 1943 - April 1944 Ravensbrück: 21. April 1944 – Mai 1945
Antonina Alexandrowna Nikiforowa est née en juin 1907 à St Petersburg au sein d’une famille d’un employé de la poste. La famille s'appauvrit lorsque le père mourra en 1918. La jeune fille, au début malade, a été envoyée dans un foyer pour enfant un certain temps. Antonia a fréquenté une école de médecine à compter de ses 22 ans. Elle a travaillé en tant qu’infirmière et étudiait à partir de 1931 pendant cinq ans la médecin à l’école du soir au sein de l'institut Iwan Pawlow à Leningrad. Elle s’est spécialisée dans le domaine de la pathologie. En tant que médecin militaire soviétique, elle a servi depuis le 23 juin 1941 dans un hôpital de la marine des garde-côtes de la flotte de la mer Baltique à Kuresaare. Le 5 octobre 1941 elle a été faite prisonnière de guerre par les allemands. Après avoir été détenue dans plusieurs camps de prisonniers de guerre en Estonie, Lituanie et en Pologne, elle a été transférée en 1943 dans le camp de concentration de Majdanek. Suite à l’évacuation du camp, elle est arrivée le 21 avril 1944 à Ravensbrück. Elle y était employée comme médecin prisonnier dans la pathologie et en tant qu'infirmière. Après la libération elle était médecin en chef dans l’hôpital sovétique des infections à Ravensbrück. Fin octobre 1945 Antonina Nikiforowa retourna à Leningrand, mais elle n’a pas eu d’autorisation pour vivre dans la ville. Après un séjour illégal de trois mois chez sa sœur, elle a déménagé en Sibérie et a travaillé comme médecin de campagne. Ce n'est qu'en 1948 qu'elle réussit à retourner à Leningrad. Jusqu'à sa retraite, elle y a travaillé comme pathologiste dans un hôpital. Après la libération, Antonina Nikiforova a consacré sa vie à faire un reportage sur Ravensbrück, à élucider les crimes du national-socialisme et à rappeler la paix. Elle a correspondu avec de nombreux anciens camarades prisonniers dans toute l'Europe et a recueilli les lettres et les documents reçus sur les prisonniers de guerre et les camps de concentration. Il en résulta un vaste patrimoine de cette femme extraordinaire. Antonina Nikiforowa a écrit deux livres sur le thème de Ravensbrück et de la guerre. En 1957, son récit "Ceci ne doit pas être répété" a été publié. Il s'appuie sur ses propres souvenirs ainsi que sur les expériences d'autres anciennes prisonnières et témoigne des événements survenus dans le camp de concentration de Ravensbrück. Sa publication a conduit de nombreuses femmes soviétiques à s'ouvrir et à raconter leur destin de guerre dans de nombreuses lettres. En 1967 son second livre a été publié: Histoire d’un combat et d’amitié”, qui contient outre des souvenirs de Ravensbrück les expériences d'après-guerre de ses amis du temps de leur internement.
Quelle: „Ravensbrückerinnen“, Hrsg. Sigrid Jacobeit mit Elisabeth Brümann-Güdter, S. 127 -130, Stiftung Brandenburgische Gedenkstätten und Edition Hentrich, 1995, ISBN 3-89468-163-2 und „Kriegsgefangene Rotarmistinnen im KZ. Sowjetische Militärmedizinerinnen in Ravensbrück“, Deutsch-Russisches Museum Berlin-Karlshorst, 2016
Nina Pawlowna Baranova
Nina Pawlowna Baranova, Ravenbrück Archiv
01.12.1923 Moscou – 01.11.2002 Moscou Infirmière, secouriste dans l’armée rouge, employée administrative dans le domaine médical Vice présidente du CIR en 1965
Majdanek: Februar 1944 Ravensbrück: 21. Mai 1944, puis Leipzig, Fa. HASAG Nina Pawlowna est née le premier décembre 1923 à Moscou. Après l'invasion de l'Union soviétique par l'Allemagne, elle a suivit une formation d'infirmière et a travaillé dans un hôpital de Moscou pendant plusieurs mois. Elle s'est portée volontaire pour le front et a été envoyée sur le front de Stalingrad en tant que secouriste en 1943.. Après être guérie d’une blessure, elle a été transférée sur le front du Don. En février 1943, elle est faite prisonnière de guerre par les Allemands. Après avoir été transférée de camps en camps, elle a été déportée dans le camp de concentration de Majdanek, parce qu’elle a refusé le travail forcé des Allemands. Suite à l’évacuation du camp fin avril 1944 elle a été transférée dans le camp de concentration de Ravensbrück. Bien que la faim était déjà fortement présente sur le camp de Ravensbrück, elle a entamé avec d’autres prisonnières de guerre une grève de la faim contre le travail forcé dans l’industrie de l’armement. Cette grève de la faim lui donna raison, elle fut transférée dans les cuisines du camp de Hasag. Chassée du camp lors de la marche de la mort, elle est libérée près de Riesa le 24 avril. Elle retourna à la maison en 1945 et reprit son emploi d’infirmière dans un hôpital. Plus tard, elle a été formée dans un institut économique et a ensuite travaillé comme employée administrative dans le domaine médical. Après la création du comité soviétique des vétérans de guerre en 1956, elle s'engage dans la section des prisonniers de guerre. Depuis 1958, elle était présidente d'une organisation du syndicat médical. A partir de 1975 elle a travaillé comme directrice adjointe des ressources humaines d’une entreprise technico-médicale. Elle a travaillé jusqu’à l’âge de 67 ans, même si selon la loi de l’union soviétique, l’âge de départ à la retraite pour les femmes était à l’époque de 55 ans. Elle était également active au sein du CIR où elle était vice-présidente depuis 1965.
Quellen:“Kriegsgefangene Rotarmistinnen im KZ Ravensbrück. Sowjetische Militärmedizinerinnen in Ravensbrück“, Hrsg.: Deutsch-Russisches Museum Berlin-Karlshorst, Berlin 2006
Jewgenija Lasarewna Klemm (née. Radakovič)
Jewgenija L. Klemm, Ravensbrück Archiv
20.12.1898 (Belgrad) – 02.09.1953 (Odessa) Professeure et maître de conférence Ravensbrück: 27 février 1943 – 28 avril 1945 Jewgenija Klemm est née le 20 décembre 1898 à Belgrad. En 1917 peu après la révolution d’octobre elle a intégré l’armée rouge et a participé aux guerre civiles en tant qu’infirmière. Après ses études, elle a enseigné l'histoire dans des écoles et à l'Institut pédagogique Méthodologie de l'enseignement de l'histoire à Odessa. En octobre 1941 elle se porte volontaire comme infirmière au front et est d’abord envoyée à Odessa puis à Sewastopol. Elle y a été faite prisonnière de guerre en juillet 1942. Avec des centaines d’autres soldates elle a été envoyée dans le camp de transit central pour le travail forcé à Soest en Allemagne en février 1943. Avec Klemm comme porte-parole, le groupe a refusé de travailler dans l'industrie de l'armement. Suite à cela les femmes ont été transférées dans le camp de Ravensbrück. Dans le camp, Jewgenija Klemm donnait secrètement à ses camarades prisonnières des cours d'allemand et d'histoire et établissait des contacts avec des prisonniers d'autres nationalités. En avril 1945 elle a été libérée par l’armée rouge lors d’une marche d’évacuation. Après sa libération, elle a travaillé un court moment en tant qu'interprète au sein du commandement de l’union soviétique. En automne 1945 elle a retrouvé son poste de maître de conférence au sein de l’institut pédagogique d’Odesssa. Bientôt elle commença à avoir des ennuis. Son patronyme laissait croire qu’elle était juive. Le ministère de l’intérieur commença à demander pourquoi, en tante que juive de Sewastopol, elle n’a pas été exterminé mais avait été épargnée. Le soupçon qu'elle avait collaboré avec les Allemands pendant son emprisonnement a conduit à son licenciement en 1953. La même année, suite à cela, elle mit fin à ses jours. Dans sa lettre d’adieu elle écrit: “ J’ai toujours pensé que travailler signifie vivre et se battre. Ne pas travailler signifie ne pas vivre. Et maintenant on m’a retiré le droit de travailler. On ne s’est même pas donné la peine de me l’annoncer personnellement. Suis-je une personne si basse que cela ne vaut pas la peine de me parler ? Ne pas travailler signifie pour moi ne pas vivre.” Grâce aux dons de ses collègues de l'Institut pédagogique et d'anciens prisonniers de Ravensbrück, une sépulture a été conçue pour elle à Odessa.
(Quelle: „Kriegsgefangene Rotarmistinnen im KZ. Sowjetische Militärmedizinerinnen in Ravensbrück.“, S. 38/39, Hrsg.: Deutsch-Russisches Museum Berlin-Karlshorst, 2016)
Nina Fjodorowna Charlamowa
Nina Fjodorowna Charlamowa, Archiv Ravensbrück
1907 Kourgan – 17.08.1993 Moscou Médecin Ravensbrück: 27 Février 1943 – Majdanek – Auschwitz – Ravensbrück, Camp extérieur de Salzgitter, Bergen-Belsen: libération 15 avril 1945 Nina Charlamowa est née en 1907 à Kourgan. Après des études de médecine à Omsk elle a travaillé en tant que chirurgienne dans un hôpital de Moscou Après l’invasion de l’Union Soviétique par l’Allemagne, elle a été appelée par l’armée rouge et est promue au grade de capitaine du service médical au sein du 357ème hôpital de campagne mobile à Sevastopol. Début juillet elle a été faite prisonnière avec les blessés. “Une filtration de la foule s’est faite juste devant la falaise. Les Allemands cherchaient des commissaires, des officiers politiques et des juifs avant de les abattre sur place. Tous les objets que nous avions sur nous, comme des montres, bagues, de l’argent nous ont été arrachés du corps. Sous une chaleur torride du mois de juillet, pieds nus et en sous-vêtements, les prisonniers ont été conduits au rythme d’une marche rapide à Sevastopol. Les gardes criaient sauvagement et utilisaient des bâtons à chaque pas. Ils tapaient sur les têtes, le visage et les épaules et abattaient les retardataires.” Via plusieurs camps de prisonniers de guerre et hôpitaux militaires, elle a été transportée en Allemagne pour y être soumise au travail forcé avec environ 500 autres femmes prisonnières de guerre. Vu qu’elle avait refusé de travailler pour l’industrie de l’armement allemande elle a été incarcérée et envoyée au camp de concentration de femme à Ravensbrück. Depuis-là elle a été transférée à Majdanek et Auschwitz avant de retourner à Ravensbrück puis au camp externe à Salzgitter. Le 15 avril 1945 elle a été libérée par les troupes britanniques à Bergen-Belsen Après la guerre, Nina Charlamowa a repris son emploi de médecin à Moscou jusqu’à sa mort le 17 août 1993. Nina F. Charlamowa a écrit ses mémoires. Son livre “De Sevastopol jusqu’au camp de concentration de Begen-Belsen” a été publié en 1957 à Moscou.
(Quelle: „Kriegsgefangene Rotarmistinnen im KZ. Sowjetische Militärmedizinerinnen in Ravensbrück.“, S. 24/25, Hrsg.: Deutsch-Russisches Museum Berlin-Karlshorst, 2016)
Аlexandra Fjodorowna Dejewa (geb. Gaiwanenko) * 1923 Jurino
Infirmière
Ravensbrück: 27 février 1943 – 28 Avril 1945
Alexandra a quitté son village natal de Jurino pour se rendre à Rostov-sur-le-Don afin de suivre une formation d'infirmière. Elle a travaillé avec acharnement, a réussi ses examens et est rentrée chez elle pour les vacances qui ont suivi. D'une certaine manière, elle a été attirée par sa mère, ses camarades de classe, de la maison de ses parents au jardin que son père avait planté longtemps auparavant. Elle ne devait cependant pas ramener la récolte.
La guerre a commencé et en août Sascha Gaiwanenko a rejoint le camp de bataille. En décembre 1941, leur 79e brigade de fusiliers de l'armée côtière kurde a été transférée à Sébastopol. Un jour, alors que le groupe de soldats se préparait pour la prochaine mission, Alexandra s'est également avancée. En revenant de leur mission, elle ne s'arrêta plus de trembler. Qui aurait pu dire qu'il n'est pas terrible d'attendre que l'ennemi apparaisse derrière le prochain buisson, d'entendre une langue étrangère tout près ? Ils sont partis toutes les nuits en mission.. Alexandra allait à chaque fois avec. C'était plus facile pour eux quand elle était là.
Ils ont été fait prisonniers, ont subit des tortures inhumaines alors qu'ils étaient poursuivis d'un camp à l'autre, sans eau, encore et encore, désarmés et blessés.
Dans l’une des cellules de la prison de Simferopol, Sascha Gaiwanenko rencontra plusieurs femmes - médecins d’autres départements de l’armée. L’une d’elle était Jewgenija Lasarewna Klemm, médecin d’Odessa. Il y avait également Kаtja Woloschina, Walja Gnedaja, Shenja Notschewkina, qui faisaient partie du groupe de résistance de Ravensbrück
Elle a été déporté à Ravensbruck avec environ 500 autres femmes, après qu’elles aient refusé de travailler dans une usine d’armement.
La peur pour leur propre vie devrait recouvrir tout le reste - l'amour de la liberté et de leur propre pays, la compréhension de l'amitié et de la solidarité - les femmes devraient être obligées de vivre selon les lois sur les animaux, ... doivent devenir des esclaves dépendantes.
Elles se réunissaient secrètement, la nuit, sur les planches supérieures des couchettes, des gardes étaient postés en dessous. Jewgenija Lazarevna Klemm a parlé doucement, mais de manière audible pour tout le monde. D'abord, par front... Les informations, qui pouvaient être obtenues avec l'aide des antifascistes depuis d'autres casernes (parfois des journaux allemands y paraissaient et il y avait un chaîne radio faite maison), les ont convaincus que l'aide était proche. Et elles voulaient tellement vivre!... Plusieurs décisions ont été prises lors de ces réunions. Comme par exemple, comment saboter le travail en menuiserie ( La Tchèque Zdĕnka Nejedlá avait apporté des cartes pour la libération): pour cela, les filles se sont coupées elles-mêmes les mains...
Le 1er mai, deux semaines plus tard, elles ont commencé (le chef de camp surveillait le moindre de leurs gestes). Dans la baraque des “Krasnoarmejek” (Femmes de l’armée rouge) se sont rassemblées des communistes de Pologne, France, d’Allemagne, de la Slovaque, Yougoslavie, de Belgique… Toutes se félicitaient, récitaient de la poésie, chantaient.
Fin 1944, treize enfants ont été casés dans la baraque des femmes de l’armée rouge. Ils avaient entre trois et cinq ans. La décisions a été prise de les protéger, peu importe ce que cela coûtait, il fallait les sauver
Les femmes ont réussi à sauver presque tous les enfants de la baraque. Beaucoup de ces enfants ont maintenant des enfants à eux et les "mères de camp" sont depuis longtemps devenues des grands-mères.
(aus dem Russischen: „Erinnerung des Herzens. Über die Schicksale unserer Landleute vom Don, ehemalige Häftlinge faschistischer Konzentrations- und Vernichtungslager.“, S. 161-167, Rostow am Don, 2015, Hrsg: Muratowa L. S.)
Prisonnières de guerre de l’armée rouge à Ravensbrück
“ De la nuit du 26 au 27 février 1943 se réveillaient plein de femmes de Ravensbrück. Il faisait un froid glacial,.. du gel venant du nord tombait sur les toits. Les rafales de neige, la glace, les chemins, les rues, les places emportés par le vent... Ils arrivent ! Nous ne les voyons pas encore, nous entendons que leurs pas, rythmés, réguliers - gauche, gauche, gauche et gauche. Sûr d’eux, calme, avec confiance, ils marchent vers la zone d'appel. Non, ils ne marchent pas, ils manifestent! Désobéissant aux ordres des SS, ils n'ont réagi pendant la manifestation qu'aux ordres brefs et à peine audibles de leur brigadier. Si calme, d’un même pas, qu'ils étaient arrivés dans la rue du camp, aussi calmement, aussi démonstrativement disciplinés, ils se balancent en troupes de la place aux postes d'accueil. Et n'étaient enveloppés que dans des couvertures. (Source: Christa Wagner, „Geboren am See der Tränen“, Berlin, 1987, S. 2009/2010) Ce récit documentaire reprend un événement dont beaucoup d'anciennes femmes de Ravensbrück se souviennent particulièrement bien. Les quelque 500 femmes de l'Armée rouge qui sont arrivées à Ravensbrück en février 1943 étaient pour la plupart des femmes du service médical de la flotte de la mer Noire et de l'armée côtière, qui avaient été faites prisonnières de guerre après la prise de Sébastopol par les troupes allemandes et roumaines au début de juillet 1942. C’est par le grand hôpital militaire pour prisonniers de guerre de Slawuta, dans l'ouest de l'Ukraine, qu'elles sont arrivées pour la première fois au camp de collecte de Rowno. Dans un transport fermé, la Wehrmacht les a transférés à l'Office du travail du Land de Westphalie. Mais un groupe de 500 femmes mené par Jewgenia Lasarewna Klemm refusa la mobilisation pour le travail dans l’industrie de l’armement. Suite à cela la SS livra ses femmes au camp de concentration de Ravensbrück le 27 février 1943 Un grand nombre d’anciennes prisonnières du camp de concentration de Ravensbrück gardent en mémoire l’arrivée des détenues de guerre. Les femmes de l'Armée rouge, qui se sont également distinguées dans le camp par leur forte cohésion et leur discipline, ont souvent été présentées comme des héroïnes par les survivantes de différentes nationalités et opinions politiques. Environ un million de femmes ont servi depuis l’attaque des Allemands sur l’union soviétique du 22 juin 1941 à mai 1945, au sein de l’armée rouge. Environ 60% d’entre elles étaient dans les services de santé. Les femmes ayant une formation médicale, vétérinaire et technique spéciale pouvaient être recrutées selon la loi militaire de l'URSS. Beaucoup se sont portés volontaires. La Wehrmacht a refusé aux prisonniers de guerre soviétiques le droit à la vie. Soixante pour cent des prisonniers de guerre soviétiques n'ont pas survécu à l'emprisonnement. Selon le droit international de la guerre, les soldats de l'Armée rouge étaient des combattants et méritaient la protection de leur vie. Toutefois, contrairement au droit international, le statut de combattant leur a été refusé. Les prisonniers de guerre de l'Armée rouge qui ne voulaient pas faire du travail forcé en tant que "travailleurs de l'Est" étaient envoyés dans un camp de concentration. Les premières d'un total d'environ 800 femmes prisonnières de guerre de l'Armée rouge sont arrivées à Ravensbrück à la fin de l'été 1942. Les anciennes membres du comité international de Ravensbrück (CIR), Antonina Aleksandrowna Nikiforowa, médecin et Nina Pawlowna Baranowa, infirmière, arrivaient fin avril 1944 à Ravensbrück. Ils étaient prisonniers de guerre dans différents endroits. Elles aussi ont refusé de faire du travail forcé en Allemagne et ont ensuite été envoyés dans le camp de concentration de Majdanek. Au cours de l’évacuation du camp, ils ont été transférés au camp de concentration de Ravensbrück. Le nombre exact de femmes soldat de l’armée rouge qui ont été envoyé dans des camps de concentration allemand est inconnu. Mais en 1944, dans le seul camp de Mauthausen, on comptait 621 soldats. Lors de l’évacuation du camp de Majdanek, avec l’approche de l’armée rouge, 53 femmes ont été transférées dans le camp de Ravensbrück. Après la libération, les camps de concentration étaient remplis de gens affamés, malades et mourants. Leurs soins étaient très souvent pris en charge par des médecins militaires de l'Armée rouge qui avaient déjà été utilisés comme prisonniers de guerre dans le camp respectif. Ce fut également le cas à Ravensbrück, où un hôpital militaire fut construit à la mi-mai 1945. (Source: „Kriegsgefangene Rotarmistinnen im KZ. Sowjetische Militärmedizinerinnen in Ravensbrück“; Hrsg.: Deutsch-Russisches Museum Berlin-Karlshorst, 2016)
Antonina Alexandrowna Nikiforowa 16.06.1907 – 08.08.2001 St.Petersburg Médecin, Soldate de l’armée rouge dans le service de santé Maidanek: 1943 - April 1944 Ravensbrück: 21. April 1944 – Mai 1945
Antonina Alexandrowna Nikiforowa est née en juin 1907 à St Petersburg au sein d’une famille d’un employé de la poste. La famille s'appauvrit lorsque le père mourra en 1918. La jeune fille, au début malade, a été envoyée dans un foyer pour enfant un certain temps. Antonia a fréquenté une école de médecine à compter de ses 22 ans. Elle a travaillé en tant qu’infirmière et étudiait à partir de 1931 pendant cinq ans la médecin à l’école du soir au sein de l'institut Iwan Pawlow à Leningrad. Elle s’est spécialisée dans le domaine de la pathologie. En tant que médecin militaire soviétique, elle a servi depuis le 23 juin 1941 dans un hôpital de la marine des garde-côtes de la flotte de la mer Baltique à Kuresaare. Le 5 octobre 1941 elle a été faite prisonnière de guerre par les allemands. Après avoir été détenue dans plusieurs camps de prisonniers de guerre en Estonie, Lituanie et en Pologne, elle a été transférée en 1943 dans le camp de concentration de Majdanek. Suite à l’évacuation du camp, elle est arrivée le 21 avril 1944 à Ravensbrück. Elle y était employée comme médecin prisonnier dans la pathologie et en tant qu'infirmière. Après la libération elle était médecin en chef dans l’hôpital sovétique des infections à Ravensbrück. Fin octobre 1945 Antonina Nikiforowa retourna à Leningrand, mais elle n’a pas eu d’autorisation pour vivre dans la ville. Après un séjour illégal de trois mois chez sa sœur, elle a déménagé en Sibérie et a travaillé comme médecin de campagne. Ce n'est qu'en 1948 qu'elle réussit à retourner à Leningrad. Jusqu'à sa retraite, elle y a travaillé comme pathologiste dans un hôpital. Après la libération, Antonina Nikiforova a consacré sa vie à faire un reportage sur Ravensbrück, à élucider les crimes du national-socialisme et à rappeler la paix. Elle a correspondu avec de nombreux anciens camarades prisonniers dans toute l'Europe et a recueilli les lettres et les documents reçus sur les prisonniers de guerre et les camps de concentration. Il en résulta un vaste patrimoine de cette femme extraordinaire. Antonina Nikiforowa a écrit deux livres sur le thème de Ravensbrück et de la guerre. En 1957, son récit "Ceci ne doit pas être répété" a été publié. Il s'appuie sur ses propres souvenirs ainsi que sur les expériences d'autres anciennes prisonnières et témoigne des événements survenus dans le camp de concentration de Ravensbrück. Sa publication a conduit de nombreuses femmes soviétiques à s'ouvrir et à raconter leur destin de guerre dans de nombreuses lettres. En 1967 son second livre a été publié: Histoire d’un combat et d’amitié”, qui contient outre des souvenirs de Ravensbrück les expériences d'après-guerre de ses amis du temps de leur internement.
Quelle: „Ravensbrückerinnen“, Hrsg. Sigrid Jacobeit mit Elisabeth Brümann-Güdter, S. 127 -130, Stiftung Brandenburgische Gedenkstätten und Edition Hentrich, 1995, ISBN 3-89468-163-2 und „Kriegsgefangene Rotarmistinnen im KZ. Sowjetische Militärmedizinerinnen in Ravensbrück“, Deutsch-Russisches Museum Berlin-Karlshorst, 2016 Nina Pawlowna Baranova 01.12.1923 Moscou – 01.11.2002 Moscou Infirmière, secouriste dans l’armée rouge, employée administrative dans le domaine médical Vice présidente du CIR en 1965
Majdanek: Februar 1944 Ravensbrück: 21. Mai 1944, puis Leipzig, Fa. HASAG Nina Pawlowna est née le premier décembre 1923 à Moscou. Après l'invasion de l'Union soviétique par l'Allemagne, elle a suivit une formation d'infirmière et a travaillé dans un hôpital de Moscou pendant plusieurs mois. Elle s'est portée volontaire pour le front et a été envoyée sur le front de Stalingrad en tant que secouriste en 1943.. Après être guérie d’une blessure, elle a été transférée sur le front du Don. En février 1943, elle est faite prisonnière de guerre par les Allemands. Après avoir été transférée de camps en camps, elle a été déportée dans le camp de concentration de Majdanek, parce qu’elle a refusé le travail forcé des Allemands. Suite à l’évacuation du camp fin avril 1944 elle a été transférée dans le camp de concentration de Ravensbrück. Bien que la faim était déjà fortement présente sur le camp de Ravensbrück, elle a entamé avec d’autres prisonnières de guerre une grève de la faim contre le travail forcé dans l’industrie de l’armement. Cette grève de la faim lui donna raison, elle fut transférée dans les cuisines du camp de Hasag. Chassée du camp lors de la marche de la mort, elle est libérée près de Riesa le 24 avril. Elle retourna à la maison en 1945 et reprit son emploi d’infirmière dans un hôpital. Plus tard, elle a été formée dans un institut économique et a ensuite travaillé comme employée administrative dans le domaine médical. Après la création du comité soviétique des vétérans de guerre en 1956, elle s'engage dans la section des prisonniers de guerre. Depuis 1958, elle était présidente d'une organisation du syndicat médical. A partir de 1975 elle a travaillé comme directrice adjointe des ressources humaines d’une entreprise technico-médicale. Elle a travaillé jusqu’à l’âge de 67 ans, même si selon la loi de l’union soviétique, l’âge de départ à la retraite pour les femmes était à l’époque de 55 ans. Elle était également active au sein du CIR où elle était vice-présidente depuis 1965.
Quellen:“Kriegsgefangene Rotarmistinnen im KZ Ravensbrück. Sowjetische Militärmedizinerinnen in Ravensbrück“, Hrsg.: Deutsch-Russisches Museum Berlin-Karlshorst, Berlin 2006
Jewgenija Lasarewna Klemm (née. Radakovič) 20.12.1898 (Belgrad) – 02.09.1953 (Odessa) Professeure et maître de conférence Ravensbrück: 27 février 1943 – 28 avril 1945 Jewgenija Klemm est née le 20 décembre 1898 à Belgrad. En 1917 peu après la révolution d’octobre elle a intégré l’armée rouge et a participé aux guerre civiles en tant qu’infirmière. Après ses études, elle a enseigné l'histoire dans des écoles et à l'Institut pédagogique Méthodologie de l'enseignement de l'histoire à Odessa. En octobre 1941 elle se porte volontaire comme infirmière au front et est d’abord envoyée à Odessa puis à Sewastopol. Elle y a été faite prisonnière de guerre en juillet 1942. Avec des centaines d’autres soldates elle a été envoyée dans le camp de transit central pour le travail forcé à Soest en Allemagne en février 1943. Avec Klemm comme porte-parole, le groupe a refusé de travailler dans l'industrie de l'armement. Suite à cela les femmes ont été transférées dans le camp de Ravensbrück. Dans le camp, Jewgenija Klemm donnait secrètement à ses camarades prisonnières des cours d'allemand et d'histoire et établissait des contacts avec des prisonniers d'autres nationalités. En avril 1945 elle a été libérée par l’armée rouge lors d’une marche d’évacuation. Après sa libération, elle a travaillé un court moment en tant qu'interprète au sein du commandement de l’union soviétique. En automne 1945 elle a retrouvé son poste de maître de conférence au sein de l’institut pédagogique d’Odesssa. Bientôt elle commença à avoir des ennuis. Son patronyme laissait croire qu’elle était juive. Le ministère de l’intérieur commença à demander pourquoi, en tante que juive de Sewastopol, elle n’a pas été exterminé mais avait été épargnée. Le soupçon qu'elle avait collaboré avec les Allemands pendant son emprisonnement a conduit à son licenciement en 1953. La même année, suite à cela, elle mit fin à ses jours. Dans sa lettre d’adieu elle écrit: “ J’ai toujours pensé que travailler signifie vivre et se battre. Ne pas travailler signifie ne pas vivre. Et maintenant on m’a retiré le droit de travailler. On ne s’est même pas donné la peine de me l’annoncer personnellement. Suis-je une personne si basse que cela ne vaut pas la peine de me parler ? Ne pas travailler signifie pour moi ne pas vivre.” Grâce aux dons de ses collègues de l'Institut pédagogique et d'anciens prisonniers de Ravensbrück, une sépulture a été conçue pour elle à Odessa.
(Quelle: „Kriegsgefangene Rotarmistinnen im KZ. Sowjetische Militärmedizinerinnen in Ravensbrück.“, S. 38/39, Hrsg.: Deutsch-Russisches Museum Berlin-Karlshorst, 2016)
Nina Fjodorowna Charlamowa 1907 Kourgan – 17.08.1993 Moscou Médecin Ravensbrück: 27 Février 1943 – Majdanek – Auschwitz – Ravensbrück, Camp extérieur de Salzgitter, Bergen-Belsen: libération 15 avril 1945 Nina Charlamowa est née en 1907 à Kourgan. Après des études de médecine à Omsk elle a travaillé en tant que chirurgienne dans un hôpital de Moscou Après l’invasion de l’Union Soviétique par l’Allemagne, elle a été appelée par l’armée rouge et est promue au grade de capitaine du service médical au sein du 357ème hôpital de campagne mobile à Sevastopol. Début juillet elle a été faite prisonnière avec les blessés. “Une filtration de la foule s’est faite juste devant la falaise. Les Allemands cherchaient des commissaires, des officiers politiques et des juifs avant de les abattre sur place. Tous les objets que nous avions sur nous, comme des montres, bagues, de l’argent nous ont été arrachés du corps. Sous une chaleur torride du mois de juillet, pieds nus et en sous-vêtements, les prisonniers ont été conduits au rythme d’une marche rapide à Sevastopol. Les gardes criaient sauvagement et utilisaient des bâtons à chaque pas. Ils tapaient sur les têtes, le visage et les épaules et abattaient les retardataires.” Via plusieurs camps de prisonniers de guerre et hôpitaux militaires, elle a été transportée en Allemagne pour y être soumise au travail forcé avec environ 500 autres femmes prisonnières de guerre. Vu qu’elle avait refusé de travailler pour l’industrie de l’armement allemande elle a été incarcérée et envoyée au camp de concentration de femme à Ravensbrück. Depuis-là elle a été transférée à Majdanek et Auschwitz avant de retourner à Ravensbrück puis au camp externe à Salzgitter. Le 15 avril 1945 elle a été libérée par les troupes britanniques à Bergen-Belsen Après la guerre, Nina Charlamowa a repris son emploi de médecin à Moscou jusqu’à sa mort le 17 août 1993. Nina F. Charlamowa a écrit ses mémoires. Son livre “De Sevastopol jusqu’au camp de concentration de Begen-Belsen” a été publié en 1957 à Moscou.
(Quelle: „Kriegsgefangene Rotarmistinnen im KZ. Sowjetische Militärmedizinerinnen in Ravensbrück.“, S. 24/25, Hrsg.: Deutsch-Russisches Museum Berlin-Karlshorst, 2016)
Аlexandra Fjodorowna Dejewa (geb. Gaiwanenko) * 1923 Jurino
Infirmière
Ravensbrück: 27 février 1943 – 28 Avril 1945
Alexandra a quitté son village natal de Jurino pour se rendre à Rostov-sur-le-Don afin de suivre une formation d'infirmière. Elle a travaillé avec acharnement, a réussi ses examens et est rentrée chez elle pour les vacances qui ont suivi. D'une certaine manière, elle a été attirée par sa mère, ses camarades de classe, de la maison de ses parents au jardin que son père avait planté longtemps auparavant. Elle ne devait cependant pas ramener la récolte.
La guerre a commencé et en août Sascha Gaiwanenko a rejoint le camp de bataille. En décembre 1941, leur 79e brigade de fusiliers de l'armée côtière kurde a été transférée à Sébastopol. Un jour, alors que le groupe de soldats se préparait pour la prochaine mission, Alexandra s'est également avancée. En revenant de leur mission, elle ne s'arrêta plus de trembler. Qui aurait pu dire qu'il n'est pas terrible d'attendre que l'ennemi apparaisse derrière le prochain buisson, d'entendre une langue étrangère tout près ? Ils sont partis toutes les nuits en mission.. Alexandra allait à chaque fois avec. C'était plus facile pour eux quand elle était là.
Ils ont été fait prisonniers, ont subit des tortures inhumaines alors qu'ils étaient poursuivis d'un camp à l'autre, sans eau, encore et encore, désarmés et blessés.
Dans l’une des cellules de la prison de Simferopol, Sascha Gaiwanenko rencontra plusieurs femmes - médecins d’autres départements de l’armée. L’une d’elle était Jewgenija Lasarewna Klemm, médecin d’Odessa. Il y avait également Kаtja Woloschina, Walja Gnedaja, Shenja Notschewkina, qui faisaient partie du groupe de résistance de Ravensbrück
Elle a été déporté à Ravensbruck avec environ 500 autres femmes, après qu’elles aient refusé de travailler dans une usine d’armement.
La peur pour leur propre vie devrait recouvrir tout le reste - l'amour de la liberté et de leur propre pays, la compréhension de l'amitié et de la solidarité - les femmes devraient être obligées de vivre selon les lois sur les animaux, ... doivent devenir des esclaves dépendantes.
Elles se réunissaient secrètement, la nuit, sur les planches supérieures des couchettes, des gardes étaient postés en dessous. Jewgenija Lazarevna Klemm a parlé doucement, mais de manière audible pour tout le monde. D'abord, par front... Les informations, qui pouvaient être obtenues avec l'aide des antifascistes depuis d'autres casernes (parfois des journaux allemands y paraissaient et il y avait un chaîne radio faite maison), les ont convaincus que l'aide était proche. Et elles voulaient tellement vivre!... Plusieurs décisions ont été prises lors de ces réunions. Comme par exemple, comment saboter le travail en menuiserie ( La Tchèque Zdĕnka Nejedlá avait apporté des cartes pour la libération): pour cela, les filles se sont coupées elles-mêmes les mains...
Le 1er mai, deux semaines plus tard, elles ont commencé (le chef de camp surveillait le moindre de leurs gestes). Dans la baraque des “Krasnoarmejek” (Femmes de l’armée rouge) se sont rassemblées des communistes de Pologne, France, d’Allemagne, de la Slovaque, Yougoslavie, de Belgique… Toutes se félicitaient, récitaient de la poésie, chantaient.
Fin 1944, treize enfants ont été casés dans la baraque des femmes de l’armée rouge. Ils avaient entre trois et cinq ans. La décisions a été prise de les protéger, peu importe ce que cela coûtait, il fallait les sauver
Les femmes ont réussi à sauver presque tous les enfants de la baraque. Beaucoup de ces enfants ont maintenant des enfants à eux et les "mères de camp" sont depuis longtemps devenues des grands-mères.
(aus dem Russischen: „Erinnerung des Herzens. Über die Schicksale unserer Landleute vom Don, ehemalige Häftlinge faschistischer Konzentrations- und Vernichtungslager.“, S. 161-167, Rostow am Don, 2015, Hrsg: Muratowa L. S.)